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2Un émiettement des moyens2
En réalité, les ZEP n’ont jamais connu de vraies priorités, les relances annoncées depuis 30 ans n’ayant jamais été menées jusqu’au bout et ce dans un contexte d’accroissement des inégalités et de recul de la mixité sociale. Le nombre d’élèves et d’écoles concernés a plus que doublé depuis 1982, année de création des premières ZEP. Du coup, la discrimination positive qui prévalait il y a trente ans s’est progressivement diluée. Par exemple, le nombre d’élèves par classe entre les écoles de l’EP et les autres n’est plus suffisamment significatif pour peser sur le taux de réussite des élèves. Partout le constat est le même : empilement des dispositifs, émiettement des moyens, faiblesse de l’accompagnement, absence de formation, difficultés des conditions d’exercice du métier. La concertation se prépare avec en toile de fond le projet de loi de réforme de la politique de la ville à laquelle les politiques de l’EP ont toujours été adossées. Le ministre de la ville François Lamy a annoncé une concentration des moyens sur un nombre réduit de zones urbaines sensibles. Quelles en seront les incidences dans le domaine de l’éducation prioritaire, pour les élèves et les enseignants ? La carte de l’EP sera-t-elle purement et simplement calquée sur celle des quartiers sensibles au risque d’ignorer les problématiques spécifiques à l’école ? De même est posée la question du devenir les territoires ruraux et ultramarins qui eux aussi concentrent parfois des taux élevés d’élèves en difficulté (lire l’article). Une nouvelle carte redessinée ne doit pas conduire à une sortie brutale synonyme de pertes de moyens pour les équipes et de fin des indemnités pour les enseignants. En juillet 2013 le Comité interministériel pour la modernisation de l’action publique rendait un rapport sur lequel le ministre entend s’appuyer. Il considérait que les principaux leviers de réussite reposent sur le travail en équipe et la co-intervention. Il préconisait de favoriser les temps d’échange et les actions de formation, soulignant l’importance des postes ou missions spécifiques (Rased, remplaçants, coordonnateurs réseaux, maîtres référents). Bref, il n’y aura pas de relance de l’éducation prioritaire sans que ne soit posée la question des pédagogies qui lui sont propres, nécessitant accompagnement et formation.
2Faire reculer l’échec et les inégalités scolaire2
On ne fera pas bouger les résultats des élèves sans un développement sans précédent de la formation initiale et continue, et sans un approfondissement des relations entre recherche et formation. Aujourd’hui, la nature des difficultés des élèves est connue (lire l’article). Le SNUipp plaide pour un déploiement à grande échelle du« plus de maîtres que de classes »qui doit offrir de nouvelles manières de travailler auprès des élèves : petits groupes, décloisonnement, co-intervention… Sur le terrain, les équipes ont développé une expertise dont le ministre ferait bien de s’inspirer. La recherche s’est elle aussi longuement penchée sur la question. Parfois cela donne lieu à des pratiques efficaces, comme à Besançon dans le Doubs où en jouant sur les règles de vie, l’équipe éducative a su remettre tout le monde au travail, au service des apprentissages (lire l’article).« Il faut poser des collectifs de professionnels, leur faire confiance et s’appuyer sur les expériences »ajoute le président de l’OZP, Marc Douaire (lire l’entretien). Enseignant-chercheur, Jean-Yves Rochex regrette toutefois que les enseignants de l’éducation prioritaire aient été mobilisés« sans pour autant les outiller et sans que soit organisée une véritable réflexion collective sur la nature des pratiques sociales et professionnelles susceptibles de faire reculer l’échec et l’inégalité scolaires »(lire l’entretien). Or, c’est tout l’enjeu de la prochaine réforme de l’éducation prioritaire.
2Sommaire du dossier :2
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